Lire pour partir

Cela n’a jamais été autant d’actualité que cette année. D’abord lors du confinement, puis cet été, pour ceux qui se sont limités dans leurs vacances pour éviter la foule par exemple. Quoique. Lire, pour s’évader, demande quand même une certaine disponibilité. Écrire encore plus certainement. La fatigue, la simple fatigue d’une trop longue journée nous incite davantage à nous poser devant la télé qu’à lire. Je me permets l’utilisation du nous car je ne crois pas me tromper sur ce point. Mais il me semble qu’en cas de difficulté psychologique, un stress trop grand, une déprime un peu envahissante par exemples, il sera aussi compliqué de fixer son esprit sur une lecture. Peut-être à ce moment-là la lecture à haute voix peut aider à se focaliser sur le livre. En famille, il est compliqué de le faire sans gêner, on peut alors essayer d’articuler silencieusement en lisant. Mais cela demande un effort supérieur à celui que l’on consent en s’affalant devant une série télé.

Cela reste dommage car le pouvoir d’évasion que permet une lecture est bien supérieur à celui d’une fiction télévisée ou cinématographique. On imagine bien mieux des endroits suggérés que montrés, on participe bien plus à une intrigue qui nous demande une implication pour la connaître qu’à celle qui se déroule seule sous nos yeux.

Tiens, par association d’idée, ça me fait penser à une autre, d’association : Lire c’est partir. Elle propose des livres à 80 centimes d’euro. De quoi permettre d’acheter des livres pour de très très petits budgets ! Pour ceux qui souhaitent aller voir le principe, je mets un lien vers le site : https://www.lirecestpartir.fr/

 

Mon avis maintenant sur un livre qui m’a fait partir loin d’ici : Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda.

Ma photo présente une création de Sylvakal, comme d’habitude. N’hésitez pas à cliquer sur le lien pour aller visiter le site internet. La période de confinement mais aussi l’après ont été difficiles, le sont encore. Pour exemple, la fête des métiers du bois et de la forêt qui avait traditionnellement lieu fin juillet à La Sauvagère a été annulée cette année, bien qu’elle se déroule en extérieur. Le « pompon sur le gâteau » c’est que le site internet a fait des siennes ces derniers temps en étant souvent indisponible, comme s’il y avait besoin de ça en plus. Bref, j’en reviens à mon vieux et ses romans…

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Presse-livres de Sylvakal

Le vieux qui lisait des romans d’amour, c’est d’abord une rencontre, plutôt improbable, entre ce livre et moi.

Dans mon jeune temps, il m’a été conseillé par une amie, Bébelle, littéraire et passionnée de littérature, à moi la matheuse et passionnée de littérature. Enfin c’est un ordre totalement différent, en ce qui concerne la littérature : elle l’a pratiquée dans ses études, donc de manière quasiment professionnelle, je l’ai pratiquée en loisirs uniquement, donc en amateur, parfois éclairée, pour certains genres ou certains auteurs, souvent superficielle.

Entre ce livre et moi, ça n’aurait pas du matcher, parce que le fit n’était pas bon. (pardon, je voulais voir l’effet produit par ce genre de phrase hors blog de couture : j’ai vu). Ce petit roman au format proche de la nouvelle avait là un premier handicap pour me plaire. La chasse en forêt amazonienne qui constitue un des éléments importants du livre, en est un second, handicap. Mes préoccupations de l’époque, préoccupations littéraires s’entend, bien loin de ce genre d’ouvrage, plus proche de La ligne verte du King par exemple, constituait sans aucun doute un autre handicap.

Et pourtant, et pourtant… il ne faut certes pas vingt lignes à ce récit pour nous happer. Dès le premier paragraphe, il se passe quelque chose, comme si l’on était sous le charme d’une voix particulière, d’un rythme attachant, de sonorités entêtantes. D’ailleurs, longtemps, j’ai lu à voix haute, enfin éventuellement à voix basse mais en prononçant les mots. Je ne sais pas cependant si c’était encore le cas pour ce livre là, il y a une vingtaine d’années donc, mais ça ne m’étonnerait pas. C’est donc particulièrement pour son écriture que ce livre m’a marqué, parce que le fond, le message, l’histoire même, me sont restés plutôt éloignés. J’ai gardé de ce livre un souvenir ému, lié à lui-même mais aussi à mon amie, perdue de vue depuis.

J’ai acquis l’Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler il y a un bon moment maintenant et il m’a donné envie de relire Le vieux qui lisait des romans d’amour. Mais à livre prêté, impossible de le relire. Et puis, il y a quelques années, je le trouve en brocante. Je l’achète donc, mais ne le relis pas pour autant immédiatement. J’y pense de temps en temps, mais trouve toujours autre chose à lire, de plus récent, ou qui m’attire plus sur le moment. Et puis il y a eu la mort de Luis Sepulveda, qui m’a fait penser encore qu’il fallait que je relise ce livre, sans concrétiser la chose encore. C’est finalement à l’occasion d’un défi lecture pourvu d’un item « Un livre dont l’auteur est / a été emprisonné » et plus particulièrement de la discussion qui agrémente ce défi lecture qui m’a fait découvrir que Luis Sepulveda avait été emprisonné (je ne m’étais jamais intéressée à la vie de cet auteur) que là, pour le coup, j’ai enfin relu Le vieux qui lisait des romans d’amour, pour valider l’item du défi lecture donc.

Et, bien des années après ma première lecture, ça a été le même enchantement. Dans un autre avis, quelqu’un qualifie ce roman de conte écologique et oui, c’est ça, cet aspect proche du conte qui m’a charmé.

A découvrir et à redécouvrir.

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