Pythagore, pis c’est tout

Mes réflexions partent d’une question trouvée au début d’un livre sur Pythagore que j’ai lu dans le cadre d’une masse critique Babelio et pour lequel je joins mon avis après celles-ci.
« Connaîtra-t-on jamais le nombre d’esprits traumatisés dès leur plus jeune âge par ce prestigieux résultat ? »

Combien de fois m’a-t-on demandé en sixième : quand est-ce qu’on apprend le théorème de Pythagore ? »
Combien de fois en quatrième ai-je entendu « Ah, c’est ça le théorème de Pythagore ! »

Pythagore, c’est LA super-star des maths, avec Thalès, bien sûr. Ne nous enlevez surtout pas Pythagore, que nous restera-t-il sinon pour que notre discipline soit reconnue ?
Pythagore, en plus, le théorème de Pythagore, c’est un truc de grand. Les petits élèves savent qu’ils verront ça plus tard, parce que pour l’instant ils sont trop petits. Alors oui ils s’en font tout un monde de Pythagore. Mais justement. Arrivés en quatrième, ils constatent que ce n’est pas si difficile que ça, pour ceux qui suivent un peu bien sûr. Pythagore, comme Thalès, c’est une des notions qu’il y avait aussi dans la plupart des bac pro et même des CAP réservés. Je ne sais pas si c’est toujours le cas, je ne suis pas au fait des changements de programmes de ces filières. Mais c’est pour dire comme ce sont des notions qui doivent être abordables par le plus grand nombre, d’une manière ou d’une autre, parce qu’elles sont essentielles et parce que même les très faibles ne pouvaient pas y couper totalement.
Je suis passée au passé et j’aurais pu écrire tout le paragraphe précédent au passé parce que les choses ont bien changé.

Pythagore et Thalès, c’était comme un rite de passage : les élèves avaient pleinement accès aux démonstrations avec eux. Et oui, pour certains, c’étaient douloureux. Douloureux oui, mais traumatisant… ne peut-on pas rendre l’échec normal dans une vie, arrêter d’en faire quelque chose de honteux, plutôt que de vouloir le supprimer totalement, ce qui me semble bien impossible, parce que l’échec semble s’adapter au niveau d’exigence requis. On a beau s’adapter, en faisant semblant de ne pas faire des maths en primaire parce que quand même les maths c’est très méchant, différentier voir individualiser en fonction des élèves, contextualiser, parce que là aussi, le pur esprit, ça semble être le mal, expliquer et ré-expliquer, méthodiser ilôter et oraliser tant qu’on peut, rien n’y fait, le niveau en maths baisse. Ce n’est pas moi qui le dis mais Pisa, Timss et compagnie.
Il serait temps de rendre leur prestige aux mathématiques et de cesser de manquer de considération envers les élèves en leur rendant leur estime.

Pythagore en Inde par Brémaud

Au titre, je m’attendais à une promenade à travers le monde, en compagnie de Pythagore. Alors je m’étais imaginée un récit peut-être romancé dont Pythagore aurait été le personnage principal. Pas du tout.

Chaque chapitre présente une notion pythagoricienne ou s’intéresse et examine les origines des notions : théorème de l’hypoténuse, nombres irrationnels, accords musicaux sont les trois principaux thèmes de la secte pythagoricienne abordés ici.

Quelques chapitres qui expliquent les notions de manière plutôt technique m’ont semblé un peu ardus, en particulier au sujet des accords musicaux où j’ai eu l’impression de manquer de références pour bien suivre.

Et finalement, c’est un peu la même chose pour les chapitres donnant le contexte historique des découvertes et de leurs applications, ou qui en discutent ; je sais que je ne connais pas grand-chose à l’histoire des mathématiques mais j’ai eu là aussi l’impression de manquer de références pour suivre le récit de Pierre Brémaud.

Pour autant c’est un livre très intéressant.
D’abord très sérieux, à n’en pas douter, au regard des quelques pages de références bibliographiques en fin d’ouvrage. Et tout de même, c’est la base : être sûr que l’auteur sait de quoi il parle.
Ensuite, c’est un livre assez polyvalent : entre explications mathématiques, illustrations par des schémas ou des images d’œuvres et récits historiques.
Enfin, c’est un livre assez inspirant : je me suis dit plusieurs fois que je pourrai utiliser des paragraphes pour mes cours, pour les enrichir d’un regard historique justement.

C’est un livre que je relirai à l’avenir, dans une période plus calme que celle-ci.

Un petit bémol toutefois : pourquoi questionner au début : « Connaîtra-t-on jamais le nombre d’esprits traumatisés dès leur plus jeune âge par ce prestigieux résultat ? »
Je ne m’étendrai pas sur la question ici, ce n’est pas le lieu (voir charge d’âme, mon blog) mais je pense qu’il y a bien plus traumatisant que le théorème de Pythagore et que ce dernier peut même être super valorisant.

Un livre très intéressant, à ne surtout pas réserver aux profs de maths et autres matheux.
Merci à Babelio d’organiser masse critique et aux éditions Cassini d’y participer.

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