Quelqu’un d’autre de Tonino Benacquista

Je me suis toujours été un autre

On se laisse vite enfermer dans un personnage. Enfant, on ne se pose pas trop de questions, mais adolescent, on a déjà peur de déplaire ; aux parents, aux copains, à la famille, aux profs, aux voisins. Il y a un moment où l’on se dit que quand on quittera papar-maman, le nid familial, on sera enfin libre d’agir et de comporter naturellement. Mais on tombe vite sur l’œil intérieur que l’on a échoué à ne pas emporter avec nous. Et puis l’on s’aperçoit que notre naturel se confond maintenant à cette retenue que l’on pensait s’imposer. Alors quand notre situation change, que l’on déménage, que l’on change de métier, que l’on divorce ou se sépare d’une longue relation, que l’on fasse face à la maladie ou qu’il y ait eu un quelconque changement capital dans notre vie, on doit alors s’efforcer de sortir de ce personnage fabriqué qui ne nous sied plus pour s’en fabriquer ou s’en inventer un nouveau.

Mon avis sur Quelqu’un d’autre, de Tonino Benacquista :

J’ai déjà lu La Commedia des ratés de cet auteur, l’ai apprécié mais il ne m’a pas émerveillé. Pour Quelqu’un d’autre, le livre dont il s’agit ici, il en a été tout autrement. Émerveillée n’est peut-être pas le mot pour autant mais j’ai été happée et disons qu’il m’a scotchée.

On a deux personnages, deux narrateurs. Chacun d’eux va changer de vie. Y arriveront-ils ? Suspense. C’est étrange, ce livre m’a fait penser à La conjuration des imbéciles ; mais en mieux. Bon, j’ai détesté La conjuration des imbéciles dans son ensemble mais particulièrement le « héros » du livre Ignatius… Pourquoi faire référence à un livre que je n’ai pas aimé alors que celui-ci est bien ? Je pense que ce sont les personnages qui rappellent un peu Ignatius, dans leur aspect jusqu’au boutiste, chacun à sa manière et un peu détestable aussi, l’un avec sa passion pour l’alcool, l’autre avec sa façon de balayer toute sa vie. Alors qu’est-ce qui a fait la différence ? Peut-être l’écriture, plus légère tout de même que celle de Toole. L’alternance des deux personnages aide aussi : on a moins le temps de s’énerver sur chacun. J’ai apprécié l’ensemble sans en aimer les détails.

Tonino Benacquista est un auteur que je n’hésiterai pas à fréquenter à nouveau en tout cas.

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