Parent, ou pas

Quand il y a des soucis avec les élèves au collège, nous avons forcément affaire, à un moment donné, aux parents. Quelquefois malheureusement, cela vient compliquer énormément les choses.

Il y a bien sûr le parent absent, en cas de famille d’accueil, parent auquel vous avez indirectement affaire à travers l’histoire personnelle du gamin.

Vous pouvez avoir des parents défaillants mais qui ne prétendent pas à autre chose ; ils ne sont pas présents, ou ils sont présents mais incapables de faire respecter des règles à leur gamin, ou de se tenir à un comportement exemplaire devant eux.

C’est déjà compliqué, ça dépend de l’enfant, mais il lui faut de la maturité pour faire la part des choses. S’adapter. En se comportant différemment à l’école, c’est-à-dire en respectant des règles quand d’habitude il n’en a pas. C’est possible car au collège on lui met un cadre et que le parent (les parents) ne s’y oppose(nt) pas. Parfois ils sont même plutôt contents. Surtout que quand je parle de parents défaillants je ne dis pas la raison, cela peut-être qu’ils sont incapables d’être parents, n’en ont pas envie mais ils peuvent être empêchés par tout un tas de problèmes indépendants de leur volonté (problème de santé, d’argent, de travail, de couple…)

Puis vous avez le parent agressif, voire violent envers l’école.
Mais que vous ne voyez pas. C’est compliqué aussi mais en grandissant un peu, les adolescents peuvent faire la part des choses et là aussi s’adapter.
S’il est possible de ne pas avoir à faire trop à lui, quand la situation dégénère, il faut bien s’y confronter un peu.

L’ultime, c’est le parent qui ne laisse pas aller au bout d’une phrase, qui remet sur le devant tous les problèmes qu’il a pu rencontrer avec nous, à tort ou à raison, qui ramène tout à lui et à sa propre adolescence, à sa propre histoire avec le collège quand il y était, et que bien sûr ça se passait mal, et qui au final ne supporte visiblement pas que la moindre chose positive puisse ressortir d’une réunion au point de partir quand le dialogue se renouait entre nous et son enfant, quand l’atmosphère commençait à se détendre, juste un peu, juste assez pour échanger de manière si ce n’est cordiale disons neutre et presque constructive.

Imaginez dans quelle situation cela laisse l’élève, dans quel conflit de loyauté il se trouve. Obligé de constater que son parent se comporte mal, il est normal qu’il ait envie de trouver des raisons pour éviter d’avoir de lui une trop mauvaise opinion.

On dit qu’il faut ouvrir l’école aux parents, qu’il faut communiquer avec eux davantage mais dans quelques cas j’en doute. Il peut être salutaire pour certains gamins de laisser leur famille en dehors de ça.

Un livre sur le sujet de l’éducation des enfants au sein des familles : Chasseurs, cueilleurs, parents, de Michaleen McDoucleef :

Michaeleen Doucleff est une journaliste américaine. Elle est débordée avec ses enfants. Enfin, SON enfant : Rosy, une petite fille de 2 ans qui lui tient tête, crie, la tape… la totale, quoi ! Michaeleen, de par son métier, est amenée à voyager. Elle constate que parmi de nombreux peuples, l’éducation des enfants ne pose pas de problème. Elle s’intéresse alors aux liens familiaux, parents-enfants en particulier mais pas seulement, d’un point de vue historique – il y a quelques références même si les témoignages et les études sur le sujet sont plutôt rares, et d’un point de vue sociétal, actuel. Le constat de départ est que dans nos sociétés occidentales nous avons une manière de faire très différente du reste du monde et plutôt bizarre.

Michaeleen Doucleff veut nous donner des clés pour avoir des enfants calmes, serviables, heureux. Quelques unes peuvent aller à l’encontre des idées reçues, par exemple cesser de complimenter les enfants et de les encourager à tout va ; mais c’est expliqué de manière claire et convaincante (en tout cas argumentée) ; certains tombent sous le sens à les lire et pourtant font partie de ce qu’on a le plus de mal à appliquer, comme de montrer l’exemple. Et puis quelques-uns me semblent tout de même discutables, enfin tout est discutable mais disons que de prime abord, je n’y adhère pas ; cependant, cette dernière catégorie doit être anecdotique car je ne trouve pas d’exemple à donner.

Bon, venons-en à la forme : je n’ai pas du tout compris la structure de ce livre. Il y a environ 450 pages, tout de même, réparties en parties, chapitres. Tout au long du livre, Michaeleen Doucleff explique une méthode qu’elle nomme TEAM (Tendre camaraderie – Encouragement – Autonomie – Minimum d’ingérence), qui est donc disséminée au sein des parties. Des notions sont d’abord explicitées au fil d’un récit, puis reprises de manière synthétique. Et il y a en plus des résumés de chapitres avant lesquels les chapitres suivants sont introduits en quelques paragraphes. Bref, on s’y perd un peu et il y a parfois redite. En fait, je pense que mieux organisé, tout ça aurait tenu en 200 pages environ.

J’ai trouvé là matière à réflexion et beaucoup de points intéressants pour l’éducation de mes enfants et de mes élèves aussi. Je recommande donc, pour le fond et tant pis pour la forme.

Laisser un commentaire