Un cri-tique

Mon avis, dans le cadre de l’opération masse critique de Babelio, sur Le théorème de l’uppercut, de Jean-Marie Palach :

Le théorème de l'uppercut par Palach

Une identification facile pour moi, avec le personnage principal prof de maths de cinquante ans, comme moi ; sauf le sexe ; et une dizaine d’années en moins pour moi. Lui est un ancien champion de kickboxing et travaille dans une zone sensible en lycée… euh, bon, la boxe mise à part, moi j’suis en collège, et pas en zone sensible non plus d’ailleurs. Bref.

En tout cas, Gislain Chalap se présente tout à fait crédible comme prof : quelques réflexions sur l’arrivée dans un établissement après une mutation, sur le début d’année scolaire, sur la salle des professeurs posent le personnage et le cadre de l’histoire de manière très réaliste.

Gislain est agréable à suivre et quelques autres personnages se veulent originaux et marqués de particularités qui les rendent attachants, ou au moins remarquables, comme le proviseur psychopathe (c’est ce qui est dit sur la 4ème de couv), le prof de sport tellement à fond, le policier un peu négligé…

Par contre, l’intrigue se complexifie un peu trop à mon goût. Déjà que je m’étais dit qu’il y allait un peu fort quand même, dès la première vraie péripétie, mais ensuite il y a un enchaînement d’événements invraisemblables par leur concomitance.

Mais ce qui m’a fait enlever ses étoiles à ce livre, c’est le style, que j’ai trouvé trop souvent artificiel.

« Au quatrième étage du 36, quai des Orfèvres, les couloirs étaient jonchés de cartons. » : c’est la première fois que l’on a à faire au flic Roger Baudon.
« Les tas de cartons gagnaient de la hauteur, dans les couloirs du 36, quai des Orfèvres. »
« Le quatrième étage du 36, quai des Orfèvres avait pris des allures de quartier général. »
« Au quatrième étage du 36, quai des Orfèvres, les cartons envahissaient les couloirs. »
« Avant de quitter le 36, quai des Orfèvres… »
« Baudon et Franquet rongeaient leur frein, au quatrième étage du 36, quai des Orfèvres. »
Tout cela disséminé dans le livre, d’accord, mais tout de même… on l’a bien en bouche là, le quatrième étage du 36, quai des Orfèvres…

« Tel était Kévin Malpaquet. » (J’avais un élève qui s’appelait presque comme cela, ça me l’a rendu tout de suite très concret le Kévin !).
« C’est ainsi que Gislain rencontra Christelle Permingeat. »
« Dehors, Gislain aspira un grand bol d’air. »
Un peu abrupt, un peu simpliste…

Et alors, autant je disais que le contexte proposé de l’enseignement était réaliste, autant il y a eu dérapage, là :
« Sa prestation se déroula magnifiquement. Les adolescents eurent conscience qu’un moment de grâce leur était réservé, qu’ils attribuèrent à la forme de leur enseignant, après deux semaines de repos. »
C’est des grands, pas les collégiens que je connais, certes. Mais des adolescents conscients d’un moment de grâce à un retour de vacances, comment dire… ça c’est quand le prof a pris des trucs pour se booster la veille de la rentrée et qu’il n’est pas redescendu encore le lendemain.

Merci à Babelio d’organiser masse critique et aux éditions Daphnis et Chloé d’y participer.

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